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Introduction
Gene Roddenberry est connu comme le créateur de Star Trek, mais il fut bien plus qu’un simple auteur de science-fiction. Derrière les voyages de l’Enterprise, il y avait un homme animé par une conviction profonde : la fiction pouvait devenir une arme culturelle pour changer la société.
Son parcours, de policier à scénariste visionnaire, révèle l’histoire d’un homme engagé.
Un policier révolté par l’injustice
Avant d’écrire pour la télévision, Roddenberry travailla au sein du LAPD (1949-1956).
Là, il fut confronté à un racisme systémique : des collègues qui arrêtaient presque systématiquement des Afro-Américains dès qu’un crime était signalé.
Roddenberry protesta contre ces pratiques, mais comprit vite qu’il ne pourrait rien changer en restant dans la police. Il quitta l’uniforme, déterminé à mener son combat autrement : par l’écriture et la culture populaire.
Star Trek, une campagne pour l’avenir
Roddenberry n’a jamais caché que Star Trek était plus qu’un divertissement : c’était une campagne culturelle et politique, une manière de convaincre ses contemporains d’adhérer à un futur plus humain.
Jonathan Frakes l’a rappelé dans le documentaire d’Arte Aux frontières de l’infini : Roddenberry répétait que dans le 24ᵉ siècle, il n’y aurait « plus ni faim, ni avarice, et que tous les enfants sauraient lire ».
Star Trek devint ainsi une utopie militante, une projection d’un monde débarrassé des discriminations.
L’appui de Martin Luther King
La rencontre entre Nichelle Nichols (Uhura) et Martin Luther King Jr. en 1967 est restée célèbre.
Nichols voulait quitter la série ; King la convainquit de rester, expliquant que son rôle était un symbole essentiel pour les Afro-Américains et les femmes :
« Vous ne jouez pas seulement un rôle, vous êtes un modèle. »
Cette interaction ne fit pas de King un scénariste de Star Trek, mais elle renforça la conviction de Roddenberry et de son équipe que la série devait être un vecteur de lutte contre le racisme. Des épisodes comme “Let That Be Your Last Battlefield” (S3E15) résonnent directement avec ce climat intellectuel et politique.
De Star Trek à la NASA : l’héritage de Nichols
L’impact de cette vision alla bien au-delà de la télévision. Dans les années 1970, Nichelle Nichols devint ambassadrice de la NASA, participant à une vaste campagne de recrutement visant à intégrer plus de femmes et de minorités dans le corps des astronautes.
Parmi celles qu’elle inspira se trouve Mae Jemison, qui deviendra en 1992 la première femme afro-américaine à voyager dans l’espace.
Jemison n’a jamais caché que le lieutenant Uhura avait nourri sa vocation. Elle est même apparue en guest dans Star Trek: The Next Generation, incarnant ainsi la boucle parfaite entre l’utopie de Roddenberry et la réalité de l’exploration spatiale.
Le lien avec les fans : une cause à défendre
L’engagement de Roddenberry ne s’arrêtait pas au message de ses épisodes.
En 1968, lorsque NBC envisagea d’annuler Star Trek, il lança avec Bjo et John Trimble un appel direct aux fans. Résultat : des dizaines de milliers de lettres furent envoyées à la chaîne, sauvant la série pour une troisième saison.
Roddenberry encouragea même les manifestations de fans devant les locaux de NBC, montrant que Star Trek était déjà plus qu’un programme télévisé : une cause commune.
Conclusion
Gene Roddenberry ne fut pas seulement un créateur de fiction, mais un homme engagé qui transforma son indignation en vision.
De son refus des injustices policières à la promotion d’un casting multiculturel, de son inspiration par Martin Luther King à son appel aux fans pour défendre la série, son parcours témoigne d’une conviction : la culture peut changer le monde.
Star Trek reste son héritage le plus puissant, non pas comme une évasion vers les étoiles, mais comme une boussole morale pour l’humanité.
🖖 Longue vie et prospérité !